Zu verkaufen = à vendre
L’achat d’entreprises allemandes par des firmes françaises a battu un record en 2017. Si le dossier le plus commenté a été la reprise d’Opel par le groupe PSA, le principal accord en valeur a concerné la fusion des activités ferroviaires de Siemens et Alstom. Outre ces cas très visibles, ce sont surtout les belles PME et ETI allemandes qui sont concernées par l’arrivée d’actionnaires tricolores. Pour le cabinet PwC, les Français se sont situés en 2017 au troisième rang des investisseurs étrangers avec 117 acquisitions majeures.
Disposer d’un établissement permanent en Allemagne est un avantage sur de nombreux plans. Acquérir de nouveaux savoir-faire, se rapprocher des clients, accéder plus facilement aux marchés publics, redessiner la carte des fournisseurs, explorer de nouveaux partenariats ou encore accéder aux marchés d’Europe centrale sont quelques-unes des répercussions positives.
Deux facteurs expliquent le mouvement actuel de reprises d’entreprises allemandes par des investisseurs étrangers. Le nombre d’entreprises à céder est très important car la génération d’entrepreneurs arrivant à l’âge de la préparation de la succession est issue des classes d’âge les plus nombreuses du pays (le pic des naissances date de 1964). De plus, le dynamisme actuel du marché du travail (moyenne nationale de 5% de chômage, entre 2,7% et 9,7% selon les Länder) prive l’économie d’entrepreneurs juniors.
Pour les seules entreprises familiales, l’Institut de recherche «Institut für Mittelstandsforschung» recense 150.000 sociétés à transmettre entre 2018 et 2022 !
A la différence des pays où on attend des manufactures qu’elles contribuent au prestige de l’Etat, il est normal, en Allemagne, que les élus, les administrations et les banques se mettent au service des entreprises. La contrepartie est que la responsabilité sociale de l’entreprise est un dû et que son dirigeant est le garant de la pérennité de l’activité, des emplois et du réseau de sous-traitants. Cette situation n’est pas sans conséquences au moment de chercher un successeur. Le repreneur idéal garantit le développement et l’avenir de la société. Dans ce contexte, malgré les réticences initiales, l’offre d’un repreneur étranger sera bien accueillie lorsqu’il projette une alliance industrielle alors que d’autres propositions sont motivées par l’opportunité d’éliminer un concurrent après avoir pillé le fichier client et le laboratoire de R&D.
La politique de l’Euro faible, tant réclamée par d’aucuns, favorise les investisseurs Chinois, Britanniques, Suisses et Nord-Américains, tous très actifs, mais la France est un investisseur de plus en plus dynamique. Pourquoi ? La proximité géographique, la complémentarité entre les deux pays et l’exemple de nombreux succès franco-allemands constituent des incitations stimulantes.
[30 juin 2018]