Les conséquences directes des décès (perte de parents, d’amis, de collègues et de personnes-clés), de la perturbation de l’offre (ralentissement de la production, incidents tout au long de la chaîne d’approvisionnement) et de l’effondrement de la demande (interdictions de déplacement, pertes de revenu et de patrimoine, peur) sont toujours vives mais la fonction achat doit dès à présent être prête à gérer la modification des besoins et les évolutions du marché fournisseur.
La focalisation des acheteurs et des approvisionneurs sur les équipements de protection individuelle et les dispositifs médicaux restera comme un entracte vital mais bref. Et après ?
L’urgence pour la fonction achat est de déceler les fournisseurs menacés de dépôt de bilan et soit soutenir voire acheter ces entreprises, soit identifier des sources alternatives sans oublier de gérer avec sens de l’anticipation les ultimes commandes, surtout en cas de disparition de fournisseurs critiques, mettant, par exemple, en péril le flux de pièces de rechange. La baisse de l’activité aura aussi un impact sur les prix en raison de la défense combative des parts de marché ou d’une contraction de la demande (loyers, électricité, matières premières) et il convient donc de renégocier les contrats qui le méritent.
Mais le paysage de l’offre et celui de la demande changent aussi de façon plus substantielle. De nouveaux entrepreneurs inventifs et courageux émergent et la crise sanitaire a permis la généralisation de certains procédés (impression 3D), la validation de l’automatisation (caisses sans personnel, robots de désinfection) et l’essor du distanciel (télétravail, téléenseignement, télémédecine). Il ne s’agit pas d’inventions récentes, simplement de la révélation à tous des avantages de ces solutions émergentes.
Les restrictions de déplacement et la fermeture de certaines frontières encouragent le recours à la télémaintenance, aux téléconférences ou encore aux congrès et salons virtuels. Il s’agit de fantastiques leviers de gains de productivité grâce à la réduction des temps de voyage et de diminution des dépenses (transport, hôtel, restaurant). Pour la télémaintenance, un meilleur MTTR*, améliore le taux de disponibilité des équipements. Autant de progrès dont l’acheteur bénéficiera bientôt…
La rancune n’est pas un trait de caractère chez l’acheteur naturellement tourné vers l’avenir, mais il saura tout de même inscrire sur sa liste noire les fournisseurs peu coopératifs durant les pénuries.
*Mean Time To Repair, durée moyenne des opérations de remise en état de marche.
[28 avril 2020]
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