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Le patient Deutsche Bank

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La troisième année consécutive de pertes (-735 millions en 2017) a coûté son poste au Britannique John Cryan, président du directoire de la Deutsche Bank de juillet 2015 à avril 2018. Agé de 47 ans, son remplaçant est un pur produit de la maison: en 1989, le jeune bachelier Christian Sewing débutait sa formation en alternance dans une filiale de Bielefeld avant d’effectuer presque toute sa carrière au sein de la Deutsche Bank, dont il doit à présent coordonner le sauvetage. 

Christian Sewing doit faire face à une situation inquiétante et il ne s’agit plus d’adapter ou de réformer mais bien de secourir une institution de 97.000 personnes et 24 milliards de valeur en bourse.  Après des années marquées par la défiance croissante des clients et l’implication dans de nombreuses affaires pénales et fiscales, la vénérable Deutsche Bank, fondée en 1870, a été publiquement ridiculisée par un ordre de virement absolument incroyable de 28 milliards d’Euros, soit plus que le chiffre d’affaires annuel ! Par chance, le transfert a pu être annulé mais la démonstration a été faite de la vulnérabilité de l’édifice et de l’inadéquation des dispositifs de détection et de prévention des risques. Que se serait-il passé si le compte de destination avait été sous séquestre ou détenu par une société en liquidation ?

Très exposée en Italie, pays dont l’effondrement financier est ouvertement évoqué, la Deutsche Bank souffrirait d’un retour à la Lire, hypothèse plausible maintenant que l’échec du programme de désendettement de la Grèce, qui n'est pas sortie de l'Euro malgré les incitations à le faire, est flagrant et que l’Italie, Etat le plus endetté de la zone Euro, est aussi le pays de plusieurs banques vacillantes. Au-delà des engagements internationaux, la Deutsche Bank n’est plus le partenaire idéal des entreprises allemandes de taille intermédiaire. Le fameux Mittelstand n’a pas besoin d’une banque d’investissement à l’aise dans les activités hautement spéculatives mais d’une institution sérieuse et stable, capable de financer les investissements et de garantir les dépôts.

Les premières annonces publiques de Christian Sewing furent marquées par une forme de modestie tout à fait inédite pour la Deutsche Bank. Appartenir au groupe des principaux établissements mondiaux ne fait plus partie des objectifs, l’activité est recentrée sur la banque de détail ; de plus, la simplification des structures et celle de l’informatique figurent en tête du plan d’actions. Le départ de Kim Hammonds, chargée de l’informatique au sein du directoire (COO), est un premier pas symbolique.

Ces annonces réalistes mais très prudentes interviennent quelques mois après celle, considérée comme de très mauvais goût, du versement de rémunérations supérieures à un million d’Euros à plus de 700 collaborateurs en 2017. Dans un contexte de pertes chroniques et de réduction des effectifs, la nouvelle avait choqué, y compris dans les milieux libéraux et conduit les élus à prendre leurs distances avec une institution qui n’est plus un monument national mais dont l'effondrement serait catastrophique.

Aujourd’hui, la question posée est cruelle mais simple : les secours arriveront-ils à temps ?

crédit photo: Marc Weltmann

[3 mai 2018]

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